Bâtiment moderne en béton avec arbres sur le toit et un palmier solitaire, entouré d'autres immeubles, lumières de la ville le soir. En bas au milieu, feux rouges arrières d'une voiture.
Soi 18, Bangkok, tôt.

Devenir sa faim

Au cœur du palmier

— Pourquoi n’as-tu pas sommeil? — Attends, c’est toi qui n’as pas sommeil. — Oui, mais c’est toi le plus sage de nous deux. — Et alors? Le sommeil et la sagesse n’ont rien à avoir. — Je ne connais pas beaucoup d’insomniaques sages. — C’est vrai. — J’ai faim et je suis énervé parce que je n’ai écrit que de la merde aujourd’hui. — Tu as écrit. L’important est de faire avancer ton curseur vers la droite. — Ça m’énerve quand même. — Parce que tu es un perfectionniste. Même ton sommeil doit être parfait. — Pas faux. Je n’aime pas dormir mal. — Et si tu dors mal, tu écris mal. — C’est lié? — Plus que le sommeil et la sagesse. — C’est sage ce que tu dis, je te retrouve. — Parce que tu m’avais perdu? — Depuis que tu n’as pas sommeil, un peu. — Tu me fatigues. — Ah voilà. Maintenant on peut se coucher. — Bonne nuit. — Bonne nuit.

[…]