L’arroseur, la rosée
Se lever chaque matin est comme déposer une goutte d’encre sur le buvard de son existence. À chaque jour la surprise d’une forme nouvelle. Contemplons ! La loyauté du moment présent, l’étonnement des questions, la rondeur des harmonies, les tensions complexes ou parfois des goûts plus amers — tout est poème à qui sait que le poème est composé de tout.
Sens-tu le grondement de notre mouvement incessant ? Observe ton cœur. Je veux dire : là, ici, maintenant, ferme les yeux et écoute ton cœur. Est-il le même à chaque battement ? Pendant le temps prêté à cette lecture, s’est-il emballé ? Serré ? Enivré ? Pétrifié ? Embrasé ? Brisé ? Apaisé ? Arrêté ?
Au long cours de nos états, cessons-nous un instant d’ignorer la somme de ce qui nous fait aimer ?
L’arroseur est celui qui cultive un poème. La rosée est l’inédite délicatesse qui pourrait en découler. Accueille la rosée ; arrose sans compter.
— Un ami qui te voit du bien