Porte E7

Porte E7

Quatre mars deux mille vingt, j’attends pour embarquer. La fin d’un voyage annonce toujours le début d’un autre. Sur le trajet pour l’aéroport, la conductrice du taxi a désinfecté son volant quatre fois. Ses gestes décrivaient son stress et pendant que l’horizon de Bangkok semblait me faire des adieux, j’ai passé le temps du trajet à faire des photos désinvoltes à travers la fenêtre pour faire comme si tout était normal. Genève m’avertit qu’elle connaît ses premiers cas. Cas de quoi? me dis-je. Je reste impassible devant mon ignorance. J’ai besoin de comprendre ce qui est en train de dérailler. Agir sans comprendre, c’est réagir. Je veux répondre, pas réagir. Arrivé à la porte d’embarquement, je cherche en vain des regards rassurants. Je ne vois que cet homme qui s’est retiré dans sa bulle. À l’arrière-plan, l’architecture semble étrangement le suivre pendant que personne n’a la moindre idée de ce qu’on va bientôt vivre.